Retard de diagnostic d’une méningo-radiculite

En raison d’une lombocruralgie, un patient âgé de 76 ans bénéficie de trois infiltrations épidurales par voie inter épineuse, réalisées par un rhumatologue libéral.

A la suite de celles-ci, le patient se sentant fébrile, il est adressé par son médecin traitant aux urgences d’un centre hospitalier.

L’examen d’imagerie par résonance magnétique dorso-lombaire suivi d’une ponction lombaire et qui ont permis de poser le diagnostic d’une méningite d’origine bactérienne et de la traiter, n’ont été réalisés que  neuf jours après l’admission du patient au centre hospitalier .

Perte de chance d’échapper aux séquelles

Il résulte du rapport des experts commis par la CRCI et d’un rapport médical critique, établi par un neurologue et produit en première instance par le centre hospitalier , que, dès le lendemain de son hospitalisation, le patient a présenté des troubles sphinctériens, qui ne pouvaient s’expliquer que par l’atteinte des racines de la queue de cheval, mais dont il n’a pas été tenu compte dans l’établissement du diagnostic d’une méningo-radiculite. En outre, quelques jours plus tard, le patient a présenté, de manière répétée, des troubles confusionnels, mnésiques et une désorientation, dont il résulte de la littérature médicale citée dans le rapport d’expertise, qu’ils permettent d’évoquer, chez un patient âgé et même en l’absence d’autres signes cliniques, le diagnostic d’une méningite infectieuse et doivent, selon les règles de l’art, conduire à la réalisation rapide d’une ponction lombaire.Le retard de diagnostic, qui n’a pas permis l’administration plus précoce du traitement antibiotique destiné à lutter contre la méningite, alors que, selon les experts, la rapidité dans l’administration du traitement d’une méningite, particulièrement pour les méningites à Staphylococcus aureus grevées d’un fort taux de mortalité et d’un risque de séquelles chez les patients âgés, est un facteur essentiel du pronostic, a fait perdre au patient une chance d’échapper aux séquelles liés à des troubles de la marche, des troubles sphinctériens sévères et une impuissance, dont il reste atteint.

La CRCI a conclu à ce que le retard pris par l’établissement de santé dans le diagnostic a causé une perte de chance évalué à 50% d’éviter les séquelles.

La Cour administrative d’appel dans cet arrêt confirme que le préjudice résultant directement de la faute commise par l’établissement et qui doit être intégralement réparé n’est pas le dommage corporel mais la perte de chance d’éviter ce dommage.

CAA Lyon, 6ème ch., 25 février 2021 (n° 19LY02722)